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« Ah çà ! s’écria-t-il en se levant brusquement ; il y a quelqu’un au magasin ! »

Une vibration métallique, tôt étouffée, avait sonné dans le silence qui succédait aux dernières paroles de Julie.

André s’élança dans le magasin, suivi par sa femme qui portait un flambeau. Le magasin était vide et rien n’y semblait dérangé.

« Quelque ferraille qui se sera décrochée… commença Julie, ou le chat ! Tiens ! le chat du commissaire ! »

Un matou passa fuyant entre les jambes d’André qui se mit à rire en le poursuivant jusque sur la place.

Sur la place, il n’y avait plus de promeneurs. André n’aperçut qu’un seul passant qui, lentement, se perdait sous les arbres. C’était un rustaud en pantalon de cotonnade bleue, blouse grise et bonnet de laine rousse.

« Couche le petit, dit-il en rentrant. Il faut que je te parle. »

Julie se hâta, curieuse. Quand elle eut baisé l’enfant dans son berceau, elle revint, et André jeta un châle sur ses épaules, disant :

« Nous serons mieux dehors par la chaleur qu’il fait. »

Il y avait dans ces paroles une certaine gravité qui intriguait la jeune femme.

Au moment où André donnait un tour de clef à sa porte avant de s’éloigner, le commissaire de police arriva devant la maison, revenant du cirque Franconi. Sa dernière entrevue avec J.-B. Schwartz l’avait mis d’humeur détestable. Il dit à sa femme qui se déshabillait pour se mettre au lit :

« Ces petites gens d’en bas ont de drôles de manières, Je les ai rencontrés qui vont courir le guilledou. »

À quoi la commissaire répondit en style familier :