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tion. Certains les trouvaient trop largement fendus pour la délicate pâleur de ses traits, mais on en parlait.

Ce n’était pas précisément une femme à la mode, parce qu’elle ne se prodiguait point et que la mode a besoin d’être incessamment sollicitée. Mais la mode s’occupait d’elle.

On la disait riche. Son nom sonnait bien. Elle vivait séparée de son mari, homme de plaisirs et d’aventures, qui était, disait-on, tombé fort bas, sans que personne pût spécifier la nature de sa chute.

Du reste, elle ne sortait pas de terre, puisque le colonel Bozzo-Corona, philanthrope distingué, comme tous les journaux s’accordaient à le dire, et dont l’hôtel, situé rue Thérèse, pouvait passer pour un arsenal de bonnes œuvres, était son aïeul.

Le baron Schwartz avait des rapports d’argent avec le colonel, dont l’homme de confiance était M. Lecoq. Les choses, à Paris, affectent parfois des physionomies bizarres. On parlait très haut des vertus de ce colonel Bozzo-Corona ; la presse lui décernait quotidiennement des éloges qui ressemblaient aux annonces payées par certaines boutiques médicales. Il était vieux comme Mathusalem, et cela augmente le respect. Cependant, quelques doutes vagues planaient autour de cette charitable gloire.

Il possédait en Corse des biens considérables situés aux environs de Sartène, et qui lui venaient de sa femme, morte depuis plus d’un demi-siècle.

Les respects en quelque sorte officiels dont Paris-public entourait ce centenaire, et les doutes bizarres, sans consistance ni formule, qui venaient à la traverse, touchaient comme un double reflet cette délicieuse comtesse Corona. Elle était de celles que le mystère drape