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Désormais la pâleur de Mme Schwartz était maladive, et, pendant qu’elle marchait, tout son corps tremblait.

« Il y a une Providence, balbutia-t-elle : c’est vrai. »

Domergue pensa :

« On a beau n’être pas jalouse, ça fait quelque chose, écoutez donc !

— Mais, ajouta-t-il tout haut en manière d’excuse pour le baron Schwartz, le jeune homme est sur ses dix-huit ou vingt ans ; c’était bien avant le mariage de Madame. »

L’observation, quoique judicieuse, ne parut point calmer le trouble de la baronne. Sur un signe qu’elle fit, Domergue ouvrit la porte de Michel. Tout était neuf et charmant dans cet hôtel, plus frais qu’une rose. Le fils de la maison n’aurait pu être mieux logé que Michel. Veuillez bien vous figurer, pour échapper à une description oiseuse, un appartement de jeune homme, un peu en désordre, mais aussi coquet que possible. Domergue entra le premier, avec précaution, étouffant le bruit de ses pas sur le tapis, et il s’assura que le sommeil de notre héros n’avait pas pris fin. Mme Schwartz attendait au dehors. Assurément, et quels que fussent les motifs de sa démarche, la démarche elle-même, si bizarre et si étrangère aux habitudes d’une femme de sa sorte, suffisait à expliquer son émotion.

Y avait-il du vrai dans la pensée de Domergue ? Mme Schwartz venait-elle ici pour éclairer le passé de son mari ? C’était un ménage excellent ; mais il durait depuis nombre d’années, et l’élément passionné ne semblait point y surabonder du côté de Mme Schwartz.

Et si Domergue se trompait, qui donc avait suggéré cette erreur à Domergue ?