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— Comme un ange, » répliqua le digne valet.

Mme Schwartz dit :

« Allons ! »

Domergue marcha le premier, un bougeoir à la main.

« Madame me pardonnera ma curiosité, reprit-il après quelques pas ; c’est moi qui me suis occupé le premier de ce jeune homme-là, et j’ai le cœur sensible, quoique étant dans le commerce depuis l’âge de raison. Je m’attache facilement… Après l’épreuve que Madame va faire, sera-t-on certain de quelque chose ?

— C’est selon, repartit la baronne d’une voix changée.

— Madame n’a pas besoin d’avoir peur, poursuivit Domergue, tout le monde est couché, j’en réponds. Il n’y a pas un traître chat éveillé dans l’hôtel, et la femme de chambre n’en est pas encore au café, là-bas, avec marraine… Madame sait bien que je ne suis pas bavard, mais c’est si rare de voir une personne comme Madame s’occuper des péchés de jeunesse de son mari !… Monsieur le baron est bien assez riche pour payer ses fredaines ; mais Madame !… »

Ils arrivaient à l’escalier. L’appartement de notre héros Michel était à l’étage au-dessus.

Mme Schwartz allait sans mot dire ; elle ne prenait point souci d’imposer silence au valet, qui continuait tout bas :

« Avec ça que ça ne ferait pas grand tort à Mlle Blanche. Il y a assez pour deux… Mais quand on y songe, est-ce une assez drôle de chose ? Ça fait croire en Dieu, oui ! que M. Schwartz est allé justement dans cette ferme où était justement M. Michel, et que justement il l’a ramené ! »

Il s’arrêta. La porte de Michel était devant lui.