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Et à la suite de quelques lignes presque effacées, celle-ci ressortait :

« … Je sais que tu te gardes à moi ; j’ai confiance en la bonté de Dieu… »

Mme la baronne Schwartz avait les yeux sur cette ligne. Elle ne pleurait plus : sa pâleur était d’une morte.

On eût dit que son cœur arrêtait ses battements et que le souffle expirait sur ses lèvres.

Quand minuit sonna, elle était encore à la même place, tenant les papiers à la main, immobile et debout.

Le bruit de la pendule la fit légèrement tressaillir. Elle remit dans la cassette les papiers et le portrait de la fillette. Le portrait du jeune homme resta dans sa main. Le tiroir fut refermé, ainsi que le secrétaire, et la clef ciselée disparut.

Mme Schwartz revint s’asseoir auprès du foyer qui était maintenant éteint. Elle avait froid dans le corps et dans le cœur. Son attitude exprimait un sourd malaise, et, de temps en temps, un frisson courait dans ses veines.

« Je verrai cet homme, murmura-t-elle. M’est-il défendu de porter un deuil ?… Et Michel !… Je saurai. — Oh ! s’interrompit-elle avec un frisson. J’ai peur de savoir ! »

Au dehors, les bruits de la ville s’apaisaient.

Vers une heure, on frappa pour la troisième fois à la porte extérieure. Mme Schwartz eut comme un frémissement ; mais elle se leva toute droite et gagna la porte d’un pas ferme.

« Dort-il ? demanda-t-elle à Domergue, quand le verrou fut tiré.