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« Bonsoir, mère. »

Puis ce fut le silence.

Dans la pièce voisine, il y avait un tapis épais, et cette petite Blanche était légère comme un papillon. Mme la baronne n’osait bouger, ne sachant pas si sa fille s’était retirée, lorsque le pas grave de M. Domergue se fit entendre de nouveau. Il frappa ses deux coups et voulut aussi tourner le bouton.

« Bien, bien, dit-il. Je venais annoncer seulement qu’il est rentré. Faut-il laisser dormir madame la baronne ?

— Faites ce que je vous ai dit ! » fut-il répondu d’un ton impérieux et net.

Mme Schwartz retira du fond du tiroir sa blanche main qui ramena une cassette ; elle prit dans la cassette deux petites aquarelles, encadrées de velours : deux portraits qui ne semblaient pas appartenir à un maître du pinceau et dont les couleurs avaient déjà pâli.

L’un représentait un jeune homme, l’autre une très jeune fille : presque une enfant. À première vue, nous eussions déclaré que tous les deux nous étaient inconnus.

Puis l’idée nous serait venue que le peintre inhabile avait essayé de reproduire les traits de Michel, notre héros, et ceux d’une fillette qui ressemblait à Mme Schwartz : une petite sœur, peut-être.

Puis encore, à mieux regarder, ce ne pouvait être Michel, car le costume datait des années de la Restauration. Plus on examinait, d’ailleurs, plus la ressemblance fuyait. Et pourquoi le portrait de Michel dans le secrétaire de Mme Schwartz ? Quant à l’autre aquarelle, l’effet contraire se produisait : l’examen créait la ressemblance.

Il y a la beauté du diable pour le commun des fem-