Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous connaissons M. Lecoq de longue date et nous gardons conscience de n’avoir jamais prononcé son nom sans l’entourer du respect qu’il mérite. On ne saurait trop connaître les gens comme M. Lecoq. Ils ressemblent au latin qu’on ne sait jamais assez, même après huit ans de collége.

M. Lecoq avait rempli en sa vie beaucoup de fonctions honorables. Nous l’avons rencontré jadis sous la brillante espèce du commis-voyageur. Il était jeune alors. En voyageant pour le commerce, on fait parfois son stage diplomatique, et ce n’est pas le premier venu qui aurait pu placer comme lui les fameuses caisses à défense et à secret de la maison Berthier et Cie.

Son âge mûr tenait, Dieu merci, toutes les promesses de son début ; il ne voyageait plus, sinon dans Paris, centre des civilisations ; il avait sa maison à lui ; c’était un personnage bien plus important que M. Schwartz lui-même.

Le gibier s’en va de partout ; Paris seul, la forêt de Paris, garde un riche stock de bonnes bêtes à tirer, à courre ou à tendre. M. Lecoq avait, sans bourse délier, la ferme des chasses dans Paris.

Ce n’était pas un usurier, fi donc ! Il ne tenait pas, révérence parler, une fabrique de mariages comme M. Gluant, à qui ses relations dans la haute société permettent d’offrir des dots assorties depuis cinquante écus jusqu’à trois millions : discrétion, décence, célérité, ni fatigue, ni douleur ; cinq ans de garantie, un quart de siècle de succès ; payement après guérison. Non. Il n’avait pas cette industrie mal famée qui s’appelle un bureau de placement ; il ne faisait pas l’exportation ; il ne vendait point de jeunes soldats ; il ne favorisait pas l’émigration allemande ; il ne se livrait pas même à l’élève des ténors.