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partement de sa femme, double étude, facile par places, mais, au total, impossible. L’appartement de sa femme avait aussi son petit coin fermé ; si le caractère présentait un rébus à deviner, certain tiroir montrait une impertinente serrure dont la clef ne traînait jamais.

Jamais, depuis des années.

Cela, dans une chambre où chaque chose traînait à son tour.

M. Schwartz avait confiance, mais il était jaloux. Qu’y avait-il dans ce tiroir ? et pourquoi Mme Schwartz rêvait-elle ? On peut résoudre la plupart des problèmes par ce vague mot : caprice ; mais autant vaut ne rien résoudre du tout. Le mot caprice lui-même est encore une serrure ; il y faudrait une clef.

L’humeur de Mme Schwartz était douce et remarquablement égale. Cependant, selon l’expression de Mme Sicard, sa camériste, il lui passait des tristesses. Ç’avait été toujours ainsi ; M. Schwartz pouvait même se souvenir de ce fait, que les tristesses étaient plus fréquentes et plus durables avant le mariage.

Après la naissance de Blanche, pure et grande joie ; il y avait eu guérison apparente, mais les tristesses étaient revenues et avaient poursuivi l’heureuse mère jusqu’au berceau de son enfant.

Quand Blanche était toute petite, elle disait parfois à M. Schwartz :

« Mère a pleuré. »

Les médecins sont admirables pour expliquer les femmes aux maris ; rien qu’à ce titre, je les proclame bienfaiteurs de l’humanité. M. Schwartz avait un faible pour les explications des médecins, mais il restait jaloux.

Les médecins lui disaient : « C’est le foie. » Quel criminel que ce foie ! Et ils citaient des anecdotes on ne peut plus intéressantes.