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nuisibles aux rhumatismes ou fraîcheurs dans le neuf, à cause de la saison d’hiver. Vous l’avez fait dans une bonne intention d’arriver, quand on crie au voleur. Nonobstant, je réponds de l’enfant pour sa généreuse action, qui n’a pas eu besoin de se procurer le combustible aux dépens de l’intégrité, car il a le bois de chez nous, comme la nourriture en abondance. C’est de rentrer chacun chez soi. »

Il y avait parmi les gardes nationaux un latiniste qui compara M. Domergue à Neptune calmant par sa seule présence l’émotion de cette immortelle canaille, chargée, selon Virgile, de soulever les flots de la mer ; mais, quel que fût ce Neptune, la majorité des locataires ne put se résoudre à le placer sur la même ligne que M. Domergue. Il est beau d’unir à une haute influence le don si rare de la parole. Les dames laissèrent échapper un murmure flatteur, et, spontanément, l’autre sexe présenta les armes. M. Domergue prit Michel par l’oreille et le conduisit chez M. Schwartz.

Dans la maison Schwartz, c’était la floraison de l’opulence, l’épanouissement, la vraie lune de miel de ces bienheureux qui épousent un jour la déesse Fortune. La Fortune s’était hautement déclarée pour M. Schwartz ; ce n’était déjà plus un millionnaire au tas, bien que les millionnaires fussent, en ce temps-là, plus rares qu’aujourd’hui. M. Schwartz était millionnaire d’une façon éclatante, européenne. Il comptait parmi les têtes de la finance ; on pouvait déjà fixer le jour où il allait devenir un million politique.

Je crois que Béranger a dit : « Le plaisir rend l’âme si bonne ! » Il a dit comme cela bien des choses qui ne sont pas très profondes, mais qui plaisent incomparablement aux dévots du Dieu des bonnes gens et aux royalistes d’Yvetot. C’est un énorme poète,