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Dès le lendemain, Domergue fit installer un petit poêle de fonte dans sa mansarde. Outre son fagot, il eut une bonne provision de bois.

Mais notre héros Michel ne pouvait pas chauffer les pauvres belles mains rouges d’Edmée par l’étroit pertuis de vrille qu’il avait pratiqué à la cloison. Vous allez bien voir que c’était un héros, en effet, et que nous ne faisons pas la biographie du premier venu.

Michel avait remarqué que sa jeune voisine s’absentait quotidiennement vers les deux heures de l’après-midi pour rentrer entre quatre et cinq heures avec un livre de musique sous le bras. Elle aussi allait à l’école ; un professeur célèbre lui donnait des leçons gratuites. Michel n’était pas connaisseur en musique et se bornait à trouver charmant tout ce que faisait Edmée, mais nous pouvons dire, dès à présent, qu’il y avait en Edmée l’étoffe d’une véritable artiste.

Ces jours d’hiver sont courts. Mme Leber, seule et fatiguée par un travail ingrat, avait coutume de s’assoupir à la brune. Fort de ce double renseignement, Michel, notre héros, combina et mit à exécution un plan qui acheva de le rendre célèbre dans la maison Schwartz.


XII

Seconde aventure.


Le premier pas était dur. Il s’agissait purement et simplement de violer le domicile d’Edmée et de sa mère. Et Michel avait grand’peur de Mme Leber, si digne, si résignée, si vénérable dans son indigence. Vrai, cette