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Ce fut l’expression de ce bon père Péchet.

Michel, en écoutant cette révélation, qui lui donnait à réfléchir pour la première fois de sa vie, peut-être, eut une idée hardie.

« Emmenez-moi, dit-il à M. Schwartz, je vous ferai tuer des perdreaux tous les jours à Paris. »

M. Schwartz éclata de rire ; il était d’excellente humeur et annonça au père Péchet qu’il allait prendre le petit homme avec lui.

Bon débarras ! Connaissez-vous la Normandie ? Le père Péchet demanda cent écus pour lâcher Michel. Tout à l’heure il disait de Michel : « Une charge bien lourde pour des pauvres gens de la campagne ! »

Si vous ne connaissez pas la Normandie, qui est un charmant pays, allez en Bretagne, en Flandre ou en Bourgogne : la Normandie est partout au village, et point de Normandie sans père Péchet !

Ah ! le brave homme ! M. Schwartz ayant donné les cent écus, tant ses perdreaux lui semblaient délicieux, le père Péchet entonna une lamentation comparable aux plus beaux pleurs de Jérémie : « Oh ! là là ! man Dié, man Dié ! eq’ l’enfant était el plaisi d’ par chais nous ! qu’an l’ chérissait, qu’an l’ caressait, qu’an n’ pourrait point s’accoutumais à de n’ pus l’ vouair ilà ! »

Et la bonne mère Péchet, essuyant avec un énorme mouchoir à carreaux ses yeux de crocodile : « Je l’aimons pus mieux qu’un fieux à nous en propre ! Faut-i es’ s’ séparais d’ l’éfant à mes’hui, man Dié, man Dié, doux Jésus Dié ! »

Cela coûta cent autres écus, et M. Schwartz fut obligé de se sauver pour garder en poche le prix de son retour.

Mme Schwartz, une ravissante créature, s’il en fut,