Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/359

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tron de Cocotte et de Piquepuce, Edmée Leber avec sa mère, Échalot avec Similor.

L’appartement où logeait notre héros était composé de deux chambres. La première, donnant sur le carré, était meublée d’une grande malle, d’un vieux canapé servant de lit, de deux chaises et d’un guéridon. Sa fenêtre unique s’ouvrait sur une petite terrasse, étroite et couverte de treillages feuillus, œuvre et amour d’un jeune ménage d’ouvriers que le chômage avait exilé de cet humble Éden. Au-dessous de la terrasse était la cour incessamment humide, entourée de trois côtés et demi par les bâtiments et dont le pavé n’avait qu’aux jours du solstice un bref baiser du soleil.

La moitié vide du quatrième côté donnait vue sur les messageries du Plat-d’Étain.

Cette première chambre appartenait bien à notre héros, mais il n’y avait personne.

Ils étaient trois amis, trois bons et braves jeunes gens qui vivaient, Dieu sait comme. Deux habitaient la seconde chambre où nous allons entrer tout à l’heure ; Michel, notre héros, le plus important des trois, quoiqu’il eût nom Michel tout court, et que les deux autres appartinssent à des familles de riche bourgeoisie, avait cette pièce pour lui tout seul. Les révélations de Similor à Échalot sur ce logis plein de mystères, où il était question de tuer la femme, nous ont appris que le luxe y manquait ; rien n’annonçait, dans la chambre de Michel, la présence ou le passage de la femme qu’on voulait tuer.

Il y faisait nuit pour le moment.

Une lueur oblique, venant par la fenêtre ouverte et partant d’une croisée du quatrième étage, de l’autre côté de la cour, éclairait sur la tapisserie fanée quelques épures géométriques, attachées à la muraille par