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présentant à son compagnon la tabatière de Mme Blot, de Vaujours. Moi, je n’en use pas. »

Piquepuce mit dans sa poche le foulard neuf de cette même rentière et répondit :

« J’ai la mienne. »

En même temps, il s’arrêta en plein trottoir et, dépliant le cornet de papier que nous connaissons, il en versa le contenu dans une très belle boîte d’argent niellé.

Cocotte sourit et dit :

« J’ai été aussi, moi, dans la poche de la caissière, mais il n’y avait plus personne. Elle tenait bien le poisson ! »

Ils entrèrent chez le liquoriste et se firent servir l’absinthe sur le comptoir.

« Le coupé du baron Schwartz nous a dépassé sur la route, reprit Cocotte ; l’as-tu vu ?

— Oui, répliqua Piquepuce. Et aussi la calèche de Mme la baronne.

— Elle venait la seconde. C’est le mari qui est le bœuf !

— Qu’est-ce qu’ils peuvent manigancer à Paris, le dimanche au soir ?

— Demande au patron ! s’écria Cocotte en riant. Ceux-là ne pêchent pas aux foulards et aux tabatières ! »

Piquepuce prit un air grave.

« À propos de quoi, jeune homme, dit-il, vous êtes seul au monde à savoir que je continue de faire un doigt de contrebande en servant le patron. C’est puni sévèrement, et la semaine dernière on a encore fait passer la consigne de ne pas voler la moindre des choses en dehors des coups montés. Si la maison venait à savoir…