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tait déjà sur le pavé du faubourg. Quelques minutes après, elle franchissait le boulevard et entrait dans la cour du Plat-d’Étain.

Il y eut dans l’intérieur un moment de confusion pénible. Voyageurs et paquets, mis en branle trop brusquement, s’entrecognèrent à qui mieux mieux. Un instant, Adolphe en fut réduit à veiller lui-même au poisson.

Puis tout le monde à la fois cria :

« Trois-Pattes ! où est Trois-Pattes ! »

D’ordinaire, l’estropié se tenait derrière la voiture, la tête au niveau du marchepied, et ses deux robustes bras recevaient les paquets à la volée, sans qu’il y eût jamais perte ou accident. Mais, aujourd’hui, Trois-Pattes manquait à son poste.

« Voilà, bourgeois, voilà ! » dit Similor avec son sourire le plus agréable.

Et Échalot, empressé à bien faire, Saladin au dos pour avoir les mains libres :

« Bourgeois ! voilà, voilà ! »

Le voyageur taciturne, qui descendait le premier, les écarta des deux coudes. Il n’avait point de paquet.

« Tiens ! tiens ! murmura Échalot. Piquepuce est remplumé depuis le temps.

— Et voilà M. Cocotte, dans le fond, ajouta Similor ; il est habillé comme un rentier !

— Ce sont les chaussons de lisière ! » dit Mme Blot, de Vaujours, non sans un certain effroi.

Adolphe dit, en montrant du doigt son ennemi Échalot :

« En voici un qui a l’air d’un malfaiteur de la plus dangereuse espèce !

— Au large, coquins ! ordonna l’adjoint de Livry. Dans ce pays-ci, la mendicité est prohibée ! »