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Le méphitisme, d’ailleurs, ne déplaît pas absolument aux indigènes de la banlieue de Paris.

« Je ne renonce pas à la parole, reprit Adolphe aussitôt que la voiture marcha de nouveau. Ce que j’ai à dire contient des enseignements utiles, et je constate en passant que si, depuis plusieurs années, je travaille à fonder la société des pêcheurs à la ligne du département de la Seine, c’est que j’ai l’espoir d’introduire ainsi dans la capitale, ma patrie, un élément nouveau d’ordre et de civilisation. Je suis officier de la garde civique. Vous parlez de forêt : nous veillons. Passez en paix… Pour ceux que je n’ai pas l’honneur de connaître ici, j’occupe l’entresol de l’hôtel Schwartz, rue d’Enghien, 19, à Paris, faubourg Poissonnière, concurremment avec le caissier des titres : cela fait deux intérieurs distincts, quoique nourrissant des rapports de politesse entre eux. Mais il ne s’agit pas de cela. J’ai dit que je défiais Mandrin et Cartouche. J’y ajoute Poulailler, Barrabas et Lacenaire. Je suis comme ça. Voilà mes armes, je n’en fais pas mystère : d’abord, j’ai une maison de campagne où je ne couche jamais ; c’est le domicile de mes lignes ; les trois quarts et demi des malheurs viennent de cette faiblesse qu’ont les bourgeois de Paris de coucher à la campagne. La nuit est la même partout ; une fois dans mon lit, je puis rêver que je repose au sein de la nature la plus verdoyante. La porte de l’hôtel Schwartz ne peut s’ouvrir sans qu’un timbre sonne dans mon antichambre. C’est gênant, à cause du grand mouvement qu’il y a dans la maison ; mais cela donne un premier éveil qui défend toute espèce de surprise. Un second timbre, communiquant avec la porte de mon antichambre, sonne dès que celle-ci s’ouvre ; second éveil : le premier veut dire : « Garde à vous ! » le second : « Portez armes ! » Ce n’est pas tout : un troi-