Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les qui ne sont pas mal. » Julie l’impatientait considérablement. Le commissaire, homme sage, esprit étroit et rigoureusement honnête, regardait un peu ses voisins comme des intrigants. Leur succès avait odeur d’émeute, et il avait eu des peines domestiques pour avoir dit autrefois que Julie Maynotte avait les yeux grands.

Mme la commissaire parlait de déménager, à cause de Julie, et regrettait la vue des arbres aigrement. Les paires de lunettes ne se dirigeaient pas assez souvent vers son balcon ; aussi disait-elle :

« C’est insupportable d’être ainsi regardée ! »

Le commissaire était de mauvaise humeur.

Vers six heures et demie, un vieux domestique, portant un costume hybride qui essayait timidement d’être une livrée, entra chez les Maynotte, et tout le monde à la fois de se dire :

« Tiens ! voilà M. Bancelle qui a besoin chez André ! »

Le vieux domestique appartenait à M. Bancelle.

Quelques instants après, André, tête nue et en manches de chemise, sortit avec le vieux domestique.

« C’est pour le coffre-fort, je parie ! s’écria Mme Schwartz. M. Bancelle devient fou !

— Fou à lier ! » approuva le commissaire.

Et sur la place, les cinquante paires de lunettes :

« M. Bancelle ne sait plus comment manier sa serrure de sûreté !

— Il a peur que sa mécanique ne le prenne pour un voleur !

— Peut-être qu’il a déjà la main pincée dans la ratière ! »

Et d’autres choses encore plus spirituelles.

Cependant, Julie était seule. Il se fit un mouvement parmi les séducteurs ; mais il y avait le commissaire et