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de fer, nous allons en avoir un dans ce pays-ci… et, pour peu que vous ayez sérieusement l’idée d’acquérir une propriété, je vous engage à vous hâter, car le terrain monte, monte. Voici le baron Schwartz, par exemple, dont vous avez sans doute entendu parler.

— Je crois bien !

— Il n’est pas très aimé dans ce pays-ci, vous savez ?

— Monsieur, interrompit Adolphe avec fierté, des querelles funestes ont commencé ainsi par imprudence. J’ai l’honneur d’être le sous-caissier principal de la maison Schwartz.

— On peut bien dire que cet homme-là n’a pas pris dans le pays ! » riposta aigrement Mme Blot.

Mais l’adjoint conciliant :

« Monsieur a raison de défendre son administration. Loin de moi la pensée de parler avec légèreté d’un propriétaire de cette importance ! Il m’invite à ses soirées. Ce que j’allais ajouter fait son éloge. En effet, grâce au chemin de fer projeté, auquel il n’est pas étranger, on offre à M. le baron Schwartz, maintenant, quatorze cent cinquante mille francs de sa terre. Et voici trois ou quatre ans, il l’avait achetée six cent mille : cent vingt pour cent en quatre ans, c’est sévère !

— C’est joli ! Mon pauvre Blot a-t-il assez protesté pour cet homme-là !

— Moi, je trouve que la vapeur est une bien belle invention, » observa innocemment Céleste.

Le beau parleur répondit en s’inclinant :

« Madame, il faut avouer que nous appartenons à un grand siècle.

— Rapprocher les distances, dit aussitôt Adolphe, économiser le temps, tel est le résultat d’une idée aussi vaste qu’ingénieuse, qui doit avoir les meilleurs résultats pour le commerce et la politique.