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— Monsieur n’est pas de ces pays-ci ? demanda insidieusement l’adjoint. Je ne crois pas avoir eu encore l’honneur de voyager avec monsieur ?

— Je suis venu en flânant voir une propriété à vendre.

— Celle du général, peut-être ? Voilà un militaire qui avait un bien bel avenir dans l’armée ! Bel homme ! bien conservé, de la fortune….

— Et pas d’héritier, dit Adolphe ; un pêcheur assez distingué, du reste.

— Ce sera vendu à bon compte, ce bien-là. Les cousins de province ont hâte de dépecer la succession.

— Un charcutier de Caen, dit-on.

— Et un nourrisseur de Bayeux. Le général était Normand.

— Ah ! les Normands !…

— Ne dites rien de désagréable, prévint Céleste, M. Champion est de Domfront, natif.

— Quand je dis pêcheur assez distingué, je m’entends, reprit ce dernier, je m’entends. Jamais il n’a fait de ces grands coups… de ces coups mémorables…

— Parlez-moi de la pêche en mer ! s’écria l’adjoint J’ai un parent à Dieppe qui m’envoie des homards. Il les prend tout frais, et cela m’arrive…

— Gâté, acheva Mme Blot qui était agaçante.

— Adolphe, dit tout bas Mme Champion, vois dans ma poche si j’ai ma boîte. »

Mais Adolphe répondait :

« Il y a dans nos fleuves des produits en quelque sorte supérieurs à ceux de l’océan lui-même ! »

Le beau parleur :

« Les chemins de fer ont tué le côté pittoresque des voyages ; c’est l’avis de tous les penseurs.

— Monsieur, lui dit l’adjoint, à propos de chemins