Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/330

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

c’était Échalot, un étranger, qui montrait ici un cœur de mère. Saladin, mièvre produit, ressemblait à ces brins d’herbe qui croissent dans les fentes d’une pierre. La vie lui était dure ; il était ballotté, cahoté comme un colis et dormait bien souvent les pieds en l’air. Un jeune chien serait mort à la place de Saladin, mais Saladin ne se portait pas trop mal.

Tout en fumant son cigare, Échalot lui fourra dans le bec, pour employer son style, le goulot d’une petite bouteille de mauvaise mine, et Saladin consolé pompa avec délices.

À l’étage au-dessous, dans le coupé, M. Bruneau s’effaçait de son mieux pour laisser plus de place à sa jeune compagne, demi-couchée sur les coussins, et disait d’un ton d’autorité que pouvaient expliquer son âge et le service rendu :

« Ma chère enfant, je ne veux point de réticences. Il faut que je sache au juste tous les détails de votre visite à Mme la baronne Schwartz. »


VIII

Histoires de voleurs.


Dans l’intérieur, les conversations allaient se croisant. Les voyageurs venant de Vaujours continuaient leur entretien, commencé en traversant la forêt de Bondy. Ils étaient trois : une dame, un monsieur beau parleur, et un monsieur taciturne.

« C’est fini, disait la dame, toutes ces histoires de la forêt de Bondy. Les voleurs sont maintenant dans les villes.