Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diable y perd son latin… Tu as mis Saladin la tête en bas, sais-tu ?…

— Rien ne les incommode à cet âge-là, » fit observer Échalot.

Similor retourna l’enfant qui se débattait convulsivement et convint de la justesse de l’observation. Il reprit :

« Le troisième dessous, quoi ! avec trucs et mécaniques des roués de la haute, qu’a des manigances pleines de subtilités, mots de passe et sociétés secrètes des francs-maçons, pas vrai ? qui ne risque rien n’a rien… Je vote pour qu’on pique une tête là-dedans au travers des ramifications que j’ai rencontrées jusque sur le bateau-poste. La moitié de Paris en mange. Donne-toi la peine d’entrer dedans avec moi.

— Ça y est ! repartit Échalot. Si tu en prends, j’en use ! Tope là !

— Tope là ! Nous jurons fidélité…

— Jusqu’à la mort, Amédée… À quoi ?

— À la chose de tirer notre épingle du jeu, pour nous et pour pousser le petit dans sa carrière ! »

À la lueur pâle qui descend des étoiles, ils étendirent leurs mains, sans parti pris d’imiter la pose des Horaces. La route était solitaire. Ciel, tu fus seul témoin avec Saladin. Ce sont des instants solennels. On ne signe pas un tel pacte sans être profondément ému.

Il y a des quartiers de Paris dont l’éducation est exclusivement confiée aux auteurs qui écrivent pour les bas théâtres. À un quart de lieue à la ronde, autour du boulevard du Crime, vous reconnaîtrez avec effroi sur tous les trottoirs le style redoutable de messieurs tel et tel : tout est copie, aussi bien l’emphase un peu burlesque du langage sérieux que le douteux atticisme des plaisanteries.