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Balzac, notre maître, a rendu proverbiale « l’affaire Chaumontel. » Il se pourrait que l’affaire Danduran fut la soupape de sûreté de ce grand ménage Schwartz.

M. le baron, du reste, n’en perdit pas un coup de dent. Vers le dessert, il reprit en s’adressant à sa femme :

« Profiter de l’affaire Danduran ? Un petit tour à l’Opéra ? non ? Fatiguée ? Bien. Liberté. »

Malgré la belle concision de son style, M. le baron trouvait moyen de faire les demandes et les réponses.

Il appela Domergue.

« Le coupé ! Retour de bonne heure, » ajouta-t-il.

La baronne échangea un regard avec le grave valet.

Enfin, quatrième et dernier détail, comme on servait le café, M. le baron demanda tout à coup en regardant sa femme fixement :

« À propos, Giovanna, ceci doit être à vous ? »

Il avait entre l’index et le pouce une jolie petite clef qu’il montrait à sa femme.

Mme Schwartz regarda, sourit et répondit :

« Je la cherchais. C’est la clef de mon tiroir du milieu.

— Comique ! » dit le baron.

Il donna la clef à Mme Touban, qui la passa à des Glayeulx, et Mme Schwartz la reçut des mains du dandy Alavoy. Elle la déposa sur la nappe, sans trouble apparent.

Autour de la table, l’entretien allait et venait. On eût fait tout un journal d’esprit avec les choses charmantes que Savinien Larcin récitait par cœur. Ces gais vaudevillistes sont bien utiles à la campagne.

Au bout de quelques instants, la clef semblait oubliée. Personne, assurément, ne remarqua deux ou trois gouttelettes de sueur qui perlèrent à la naissance des beaux cheveux de Mme la baronne. Il faisait chaud : cela pâlit certains visages.