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dant, il y avait quelque chose. Quoi donc ? des bagatelles, quelques petites cachotteries qu’il nous plaît de confesser ici en masse au lecteur, afin d’établir un de ces bons comptes qui font les bons amis.

Qu’on ne s’attende surtout à rien de sérieux !

Premièrement, après le potage, Mme Sicard, la camériste, tirée à quatre épingles, parla bas à notre petite Blanche, qui rougit et sourit.

Deuxièmement, un peu plus tard, Domergue s’approcha de Mme la baronne, et lui rendit compte à voix haute d’un ordre exécuté. La baronne ayant dit : « C’est bien, » Domergue, en se retirant, laissa tomber cette phrase : « Il fera jour demain. »

Et ce terrible mot d’ordre n’altéra en rien la sérénité de la charmante femme.

Troisièmement, à peu près au même instant, M. Schwartz, qui enveloppait la baronne d’un regard maritalement admiratif, mais un peu inquiet, fit signe au puissant Alavoy, qui mangeait avec conscience, étalant un audacieux gilet de velours à fleurs d’or sur l’heureuse rotondité d’un ventre à la financière. Cet Alavoy était le plus élégamment couvert des placeurs d’idées.

Le signe était sans doute convenu, car Alavoy posa brusquement sa fourchette et dit en homme qui, tout à coup, est frappé par un souvenir :

« C’est particulier, oui ! Hé ! bon, j’allais oublier de vous rappeler l’affaire Danduran pour ce soir. »

Accent marseillais modéré, voix de flûte enrouée.

« Bien, bien, fit simplement l’illustre banquier.

— Si vous manquiez… insista Alavoy.

— Pointé sur carnet ! interrompit M. Schwartz. Temps pour tout ! »

Savinien Larcin racontait la plus spirituelle histoire du monde sur les clous des souliers de M. Dupin l’aîné.