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Interrogez les bonnes gens ; non pas celui-ci ou celui-là, mieux informé que les autres, mais n’importe qui, au hasard, et demandez l’histoire de telle maison dorée, non pas celle-là ou celle-ci, mais au hasard encore et n’importe laquelle : je fais avec vous la gageure qu’il vous sera conté des choses vagues, il est vrai, mais terribles, mais navrantes et tournant invariablement à la tragédie.

Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux.

La Fontaine ne faisait pas souvent de méchants vers ; ce vers-là, détestable qu’il est, plat, mou, prosaïque, est illustre comme la plus noble rime de Corneille. Il y a loin de cette idée, pourtant, à la croyance commune que l’or et la grandeur nous rendent nécessairement misérables.

Et parmi les plus fervents adeptes de ce dogme, prenez le premier venu, offrez-lui la grandeur ou l’or, pour employer jusqu’au bout le style de la bonne école, vous verrez s’il prendra ses jambes à son cou !

N’importe, derrière tout cet éclat, l’ignorance peut-être, peut-être l’envie, veulent deviner l’angoisse, et comme ce hardi romancier, qui s’appelle tout le monde, n’y va pas par quatre chemins, il traduira le mot angoisse trop amplement, par des mots qui disent plus, qui saisissent mieux, et le voile soulevé par sa main vous montrera du sang avec des larmes.

C’est que tout éclat blesse, voilà le fin mot. D’accord. Mais, en dehors du fin mot, n’y a-t-il pas toujours quelque chose ?

Toujours. Chez M. le baron Schwartz, par exemple, avec la meilleure volonté du monde, l’observateur le plus subtil n’eût pas découvert le moindre symptôme sanglant ni le plus léger prétexte à larmes. Et cepen-