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Chez M. Schwartz, tout était d’affaires, jusqu’au vaudeville, dans la personne pointue de Savinien Larcin, jusqu’à l’art sacré, jusqu’à la sainte poésie, sous la fade espèce de Sensitive, romantique-Pompadour qui rentoilait en grand et brocantait le sang bohème en fredonnant de blondes élégies.

Savinien seul était un jeune homme. Cotentin, doyen, avait maintenant les cheveux blancs. Les autres tournaient autour de la quarantaine comme M. Schwartz lui-même. Mme Touban n’avait jamais eu d’âge.

Restait enfin un couple maigre, jaune, triste, humble et décent, M. et Mme Éliacin Schwartz. Nous avons connu le mari à Caen, factotum d’un autre ménage Schwartz, car la fatalité de ce livre est de marcher dans les Schwartz jusqu’au genou. Éliacin, marié, avait été pris en grippe par la femme de l’ancien commissaire de police, devenu chef de division à la préfecture ; M. et Mme Éliacin, personnages modestes, pauvres princes du sang de la dynastie Schwartz, étaient chargés de faire les honneurs, en second, au château de Boisrenaud.

Voilà tout. Sur chacun de ceux qui sont là, nous ne trouverions pas un mot de plus à dire. Et nous constatons avec mélancolie que rien, absolument rien, de ce qu’on est convenu d’appeler « le drame, » n’apparaissait dans cette maison opulente, tranquille et bourgeoisement gaie, de cette gaieté un peu fatigante qui poursuit les trop heureux.

La baronne avait un passé romanesque, il est vrai, mais ce passé, prescrit par le temps, semblait en outre noyé dans l’oubli profond.

Quel mouvement possible ? monter ? monter encore ? Peut-être la silhouette financière de cet habile M. Schwartz n’a-t-elle pas intéressé le lecteur à ce