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VI

Salon Schwartz.


Il y a des millions qui fréquentent le très grand monde : c’est un peu l’exception. Généralement, le très grand monde est une cité murée. On y naît.

Le million peut néanmoins trouver ouvertes, pour des raisons spéciales, les portes de certaines maisons appartenant au très grand monde ; cela se voit fréquemment. La réciproque est beaucoup plus rare. Pour quelque motif que ce soit, le million attire chez lui avec peine les maisons appartenant au très grand monde, même quand elles ont des raisons spéciales de lui caresser le dos.

Ce sont ici de purs axiomes qui s’énoncent et ne se démontrent point.

Il est superflu d’opposer à ces axiomes des faits particuliers : l’exception confirme la règle. Évidemment, vous avez pu rencontrer chez le million celui-ci ou celui-là, le plus farouche des ducs de l’Académie, le mieux empaillé des chevaliers du Saint-Esprit. Vous l’avez pu.

Mais celle-là ou celle-ci, c’est différent. Dans l’intimité, jamais.

Car nous laissons de côté, bien entendu, ces occasions solennelles où le très grand monde, saisi de curiosités enfantines, veut voir et savoir à tout prix.

Nous parlons des jours non fériés, où le salon Schwartz est lui-même.