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piano capricieux se taisait. Par la dernière croisée du salon, au milieu du crépuscule qui allait baissant, un vif rayon de jour passait et mettait en lumière l’opulente beauté de la baronne Schwartz. Edmée Leber restait là en contemplation et comme fascinée.

Mais, chose bizarre, le diamant qui brillait sous les masses prodigues de cette noire chevelure attira bientôt son œil invinciblement. Son regard fixe pointa cette étincelle et ne la quitta plus.

Un pas de femme s’étouffa sur les tapis du grand escalier.

Domergue dit de l’autre côté de la porte :

« Je n’aurais pas dérangé Madame la baronne, mais Mlle Leber est encore bien malade. »

Edmée fit un effort violent pour reprendre son calme.

Au dehors, on ne parlait plus, et le pas lourd de Domergue venait de s’éloigner.

Évidemment, la baronne Schwartz était là, tout contre le seuil. Cependant, elle n’entrait pas. Edmée resta un instant debout, les yeux sur les deux battants de la porte fermée. Puis, vaincue par la fatigue ou par l’émotion, elle s’assit de nouveau, murmurant à son insu :

« Tremble-t-elle donc autant que moi ? »

Elle prit dans sa poche une bourse qui ne sonna point l’argent, et dans cette bourse un petit papier, enveloppant un objet de la grosseur d’un grain de maïs.

« Quand même ! pensa-t-elle encore ; peut-être n’a-t-elle rien à nier, rien à cacher. Voilà des années que je la respecte et que je l’aime ! »

D’un geste machinal elle allait déplier l’enveloppe, lorsque la porte s’ouvrit enfin. Edmée remit vivement le papier dans la bourse et la bourse dans sa poche. La baronne Schwartz était sur le seuil ; son premier regard