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Et cependant la chronique ne mentait pas tout à fait. Il y avait assez de vrai sous les broderies légendaires de l’histoire de Trois-Pattes pour légitimer tous les étonnements.

Trois-Pattes était reçu chez M. le baron Schwartz ; dans l’humble escalier qui grimpait au taudis de Trois-Pattes, on avait rencontré, on avait reconnu une étoile du ciel parisien, la belle comtesse Corona. Telle était la charade, proposée aux curieux par le lézard du Plat-d’Étain.

Le baron Schwartz, aujourd’hui, était dans son cabinet, quand un domestique vint lui annoncer M. Mathieu.

« Qu’on fasse monter M. Mathieu ! » dit-il sans hésiter.

M. Mathieu descendit de son équipage sans trop de peine, et franchit le perron à l’aide d’une gymnastique originale : ses deux mains, cramponnées aux marches, halaient son torse et l’appendice qui renfermait ses jambes. Cela se faisait assez lestement, à la grande surprise des spectateurs qui contemplaient sa manœuvre. Au bas de l’escalier, un domestique obligeant ayant voulu soulever la partie paralysée de son corps, M. Mathieu le remercia et lui dit : « Inutile. »

Néanmoins, après son introduction dans le cabinet du riche banquier, et quand il eut rampé jusqu’à trois pas du bureau, M. Mathieu, poussant un soupir de soulagement, tira de sa poche un mouchoir fort propre et s’essuya amplement le front.

« Bien pressé donc, monsieur Mathieu ? » demanda le baron Schwartz en souriant.

Il avait un style à lui, quand il voulait, ce baron Schwartz. Les hommes arrivés sont excentriques à peu