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à mademoiselle de vous revoir, j’en suis sûr… Madame Sicard ! »

Mme Sicard était une femme de chambre de digne apparence, entre deux âges, tirée à quatre épingles, qui portait aussi haut que M. Domergue, mais qui ne souriait pas. La voix de son collègue l’arrêta comme elle montait le perron.

« Tiens ! fit-elle. Mademoiselle Leber ! »

Elle ajouta, non sans une certaine bienveillance qui, chez elle, avait beaucoup de prix :

« On a justement fait sa chambre aujourd’hui.

— Je viens seulement pour saluer ces dames, murmura la jeune fille avec un embarras que ne justifiait point l’accueil reçu. Si vous voulez bien prévenir mademoiselle…

— Entrez au salon en attendant. Je vais dire qu’on mette votre couvert.

— Mais j’y songe ! s’interrompit Mme Sicard, Mme la baronne m’a dit… voyons !… que si vous veniez, c’était elle qu’il fallait avertir… Au fait, c’est toujours tout de même. »

On avait traversé le vestibule. Mme Sicard monta l’escalier, pendant que Domergue introduisait Edmée au salon. La pâleur de celle-ci avait augmenté subitement et à tel point qu’elle semblait prête à se trouver mal. Elle s’affaissa sur un siège et porta son mouchoir à ses lèvres.

« Le plus souvent qu’on vous laissera partir à ces heures-ci et dans un état pareil ! dit l’honnête valet qui prit, ma foi, ses mains froides et les réchauffa dans les siennes. Vous êtes comme qui dirait de la maison, ma chère enfant, et j’ai plus d’une fois entendu répéter à Mme la baronne qu’une maîtresse de piano comme vous c’était une amie.