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c’est celle de valet de grande maison. Il y a dans la haute position de l’homme à livrée quelque chose qui les éblouit et qui les fascine. Similor, l’ombrageux Similor, ne se fâcha point et attendit.

Ce puissant Domergue était distrait : il regardait sur la ligne de halage le bizarre véhicule dont nous avons parlé, le panier de Trois-Pattes, traîné par un chien de boucher. Il souriait avec une fière bonhomie et se rangeait déjà le long de la haie, pour faire place à l’équipage de l’estropié.

Trois-Pattes poussait son molosse et arrivait grand train.

En passant devant M. Domergue, il dessina un signe de tête familier.

« Bonjour, monsieur Mathieu, lui dit courtoisement le domestique. Les affaires vont, à ce qu’il paraît ? »

La figure terreuse et barbue de Trois-Pattes avait ce sourire fixe des masques. Il répondit :

« L’argent est dur à gagner ; je viens causer de mon argent. M. le baron est à la maison ?

— Pour vous, toujours, monsieur Mathieu. »

L’équipage de Trois-Pattes entrait déjà dans l’avenue du château. M. Domergue ajouta entre haut et bas :

« Une drôle de lubie que monsieur a de causer avec ce paroissien-là !…

— Pour quant à ça, dit Similor, saisissant aux cheveux l’occasion d’entamer l’entretien, je n’en reviens pas de ma surprise ! »

M. Domergue abaissa sur lui son regard noble et le toisa de la tête aux pieds. Similor cligna de l’œil agréablement et poursuivit :

« Comme quoi les mystères abondent de tous côtés autour de nous…