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« Sans compter qu’on en voit fréquemment qui succombent par les peines de cœur, les jours de noce. »

M. Lecoq lui toucha le bras par derrière et dit :

« Permettez ! »

On s’écarta, car c’était un ordre. M. Lecoq prit le poignet d’André et lui tâta le pouls.

« C’est un médecin ! fut-il chuchoté.

— Non, mes amis, répliqua M. Lecoq avec un bon sourire, je ne suis pas un médecin. »

Il tira sa bourse et mit une pièce d’argent dans la main du suisse.

« Ce malheureux jeune homme est mon parent, ajouta-t-il. Une terrible maladie ! Une voiture, je vous prie, et sur-le-champ ! »

Un des valets de la sacristie s’ébranla pour obéir. M. Lecoq ajouta :

« Je demeure ici près, rue Gaillon. Prenez une des voitures de la noce ; elle sera de retour avant la fin de la cérémonie. »

Pendant l’absence du valet, M. Lecoq donna quelques renseignements bien sentis sur « la terrible maladie, » et s’assura une popularité. Incidemment, il laissa tomber son nom et sa qualité d’associé de la maison Berthier et Cie, célèbre, entre toutes, pour la fabrication des coffres-forts.

La voiture venue, chacun aida à transporter André, toujours privé de sentiment. M. Lecoq avait déclaré que tous les moyens ordinaires seraient impuissants, et qu’il avait chez lui le médicament spécial. Il paya, remercia et partit.

Quelques minutes après, André était couché tout habillé sur le propre lit de M. Lecoq, dans une chambre assez vaste, meublée avec un certain luxe, mais fort en désordre.