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rage. Son nom de Giovanna Reni disait sa position d’étrangère. En somme, pour un Schwartz, notre Alsacien pointu osait là une alliance lamentablement romanesque. Il aurait pu épouser une famille commerçante et un demi-million, pour le moins. On se le disait.

La cérémonie continua paisiblement, pendant que le suisse, aidé de quelques personnes obligeantes, relevait André pour le porter à la sacristie. M. Lecoq suivait à cinq ou six pas de distance, et semblait laborieusement se consulter.

Il avait eu la comédie espérée, violente dès sa première scène. Que voulait-il maintenant, et quelles pensées roulaient dans cette effrontée cervelle ?

La plupart des curieux s’arrêtèrent à la porte de la sacristie. M. Lecoq en franchit le seuil. Dans toute l’église, où il y avait pourtant, vu la circonstance, bon nombre de notables commerçants et de personnes bien posées, vous n’eussiez pas trouvé une physionomie plus solvable que la sienne. M. Lecoq, portant haut sa figure ouverte et calme, vêtu avec une solide élégance et repoussant de côté d’un geste doux les gens qui lui barraient le passage, était aujourd’hui un de ces hommes comme il faut, qui charment les chiens à la chaîne et conjurent l’hypocondrie malfaisante des concierges.

Il entra, marchant droit au groupe qui entourait le malade. Dans ce groupe, composé des plus humbles fonctionnaires de la sacristie, on bavardait :

« C’est la boisson !

— C’est le haut mal !

— Des fois, le besoin… » commença un serpent charitable.

Mais le suisse, sentimental et clément comme tous les guerriers de grande taille :