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dans l’admirable langueur de ses grands yeux. Elle était belle comme autrefois. Plus belle.

J. B. Schwartz, lui, le fiancé, car c’était bien notre pauvre Alsacien des premières pages de cette histoire, qui avait quatre cent mille francs et qui prenait pour femme cette merveilleuse créature, J. B. Schwartz eut deux regards : l’un, rapide et jaloux, qui enveloppa sa fiancée ; l’autre, inquiet, qui glissa vers la grille.

J. B. Schwartz avait peu changé. Ses traits gardaient leur dessin aigu et pauvre. Il avait pris, cependant, un peu de teint et de corps.

Sa femme et lui ne virent rien, sinon un flux de têtes agitées. André, en effet, gisait inanimé sur les dalles.

L’épousée inclina de nouveau sa tête charmante sur son livre de mariage, et J. B. Schwartz, croyant à un vulgaire accident, reprit la pose digne commandée par la circonstance.

C’était une noce riche. Rien de ce que peut fournir la magnificence cérémoniale n’y manquait. Tous les cierges étaient allumés, le clergé avait ses ornements les plus pompeux, l’orgue soufflait dans ses plus bruyants tuyaux. La nef, cependant, ne contenait pas une assistance très nombreuse ; la foule était surtout dans les bas-côtés, refuge des curieux. Encore, les gens qui garnissaient la nef n’avaient-ils pas physionomie de famille.

On peut voir souvent des mariages moins fastueux et mieux entourés.

Un Schwartz, devenu homme de quatre cent mille francs, ne manque pas de parents, assurément, ni d’amis non plus ; mais ces parents et ces amis sont d’espèce particulière.

Quant à la belle fiancée, elle n’avait point d’entou-