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assez entré chez nous pour nous demander ci et ça sur son compte. Elle aurait gagné ce qu’elle aurait voulu, plaisant aux hommes et se tenant roide. »

Mme Coutant, la grosse femme rouge, haussa les épaules.

« Affaire de cacher son jeu ! grommela-t-elle. Pour jolie fille, ça y est. Mais la vertu ! une femme en a et en i, qui n’est ni propriétaire, ni rentière, ni marchande. Vas-y voir ! »

André parvint à dépasser Mme Coutant, qui lui dit avec aigreur :

« On ne pousse pas dans les églises ! Et qu’il y en a plus d’un, ajouta-t-elle, qui viennent là pour s’approcher des dames !

— Ou pour entrer dans les poches, appuya M. Jonas.

— Elle est splendide ! » déclara un jeune commis, guindé sur la pointe de ses pieds pour apercevoir la mariée.

Un homme sérieux et bien couvert, parlant au nom de la saine morale, édicta :

« Dans les affaires, il n’est jamais maladroit d’épouser une très belle femme.

— Farceur ! » répliqua un sans-gêne.

André n’avait pas encore tourné la tête du côté de la nef. Le sens de tous ces bavardages glissait sur sa préoccupation. Il avait gagné un mètre ou deux péniblement, et se trouvait à la hauteur du maître-autel.

Deux paroles se croisèrent à droite et à gauche de lui, un chiffre et un nom. Il se sentit frissonner.

À sa droite, on disait :

« C’est un homme de quatre cent mille francs ! »

À sa gauche :

« Vous ne connaissez donc pas M. Schwartz ? »

La gaieté lugubre du proverbe défend de parler de