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La route était toute tracée pour quelqu’un qui ne connaissait pas les particularités de Saint-Roch. La porte latérale, située auprès de la sacristie, ne semble nullement communiquer avec le dehors. André se dirigea vers la grand’porte donnant sur la rue Saint-Honoré.

Dès les premiers pas, lui qui naguère était entré dans une église déserte, il s’arrêta étonné à la vue de la foule qui emplissait les bas côtés. M. Lecoq avait fait le tour du pilier pour ne se point montrer à lui et le regardait désormais par derrière avec une avide curiosité. Il avait autour des lèvres ce sourire narquois qui semble dire : « Nous allons avoir la comédie ! »

André était à cent lieues de croire qu’on l’observait, à cent lieues aussi de penser que, le long de ces bas côtés encombrés, un événement l’attendait qui pût exciter la curiosité d’autrui.

Les gens qui étaient là debout ne priaient point ; ils causaient, et André traversa les premiers rangs sans prêter la moindre attention aux propos croisés qui bourdonnaient autour de ses oreilles. La première chose qu’il entendit fut ce mot :

« Pas le sou, monsieur Jonas, pas le sou ! »

Le mot était prononcé en forme de vigoureuse affirmation par une grosse femme sanguine, plaidant contre un homme doux et blême. La grosse femme ajouta, pendant qu’André essayait de faire le tour de sa rotondité :

« Et venue sous un chou, c’est certain ! Ni parents ni famille ! Leçons de guitare au cachet, quoi ! ça dit tout ! »

M. Jonas, homme maigre, occupant une de ces boutiques de marchandes à la toilette qui abondent dans le quartier de Saint-Roch, répondit :

« Sage comme une image, aussi, faut dire. Il en est