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miers compositeurs. Il n’en est pas moins vrai qu’à dix heures dix minutes, le commissaire de police rentrera chez lui, sortant du cirque des frères Franconi, bâti en toile d’emballage sur la place de la Préfecture. Il sera pressé et de mauvaise humeur parce que ce sera la quatorzième fois qu’il aura contemplé, pour les devoirs de sa charge, M. Franconi père en habit de général et Mlle Lodoïse en costume de Cymodocée. Il montera la rue de la Préfecture, puis la rue Écuyère où Malherbe naquit.

Enfin, Malherbe vint, et le premier en France…


Mais la poésie vous est inférieure, Jean-Baptiste… Vous le suivrez place Fontette, puis rue Guillaume-le-Conquérant, jusqu’à la place des Acacias, ainsi nommée parce qu’elle est plantée de tilleuls. C’est là que Mme Schwartz couche : une femme sur le retour, désagréable, mais qui rit quand on la chatouille. Vous vous approcherez du magistrat, son époux. Votre aspect lui causera une surprise pénible ; il s’écriera : « Encore vous ! » Peut-être même ajoutera-t-il à cette exclamation quelques paroles d’emportement, telles que fainéant, va-nu-pieds ou autres. C’est son droit : toutes les semaines, il reçoit trois ou quatre visites de Schwartz. M’écoutez-vous, Jean-Baptiste, hé ? »

Jean-Baptiste écoutait, quoique ses paupières appesanties battissent la chamade. M. Lecoq continua :

« Attention, bonhomme ! c’est ici l’important. Tu lui diras : « Monsieur et respectable compatriote, le guignon semble me poursuivre dans cette capitale de la basse Normandie. Je me trouve dépourvu de fonds par le plus grand de tous les hasards. Je comptais, en cette extrémité, sur la protection d’un de mes anciens su-