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pitié : la prière restait implacable : « Je te pardonnerai tes offenses comme tu pardonneras à ceux qui t’ont offensé ! »

Des bruits couraient dans la nef où la foule curieuse s’entassait. L’orgue frappa un long accord. Tout cela, dans le rêve d’André, voix de la foule et sons de l’orgue, disait l’arrêt de la prière.

Ce n’était pas jour de dimanche, pourtant, ni fête publique. Pourquoi ces cierges à midi ? cette musique ? cette foule ? André ne savait pas, et que lui importait ? Rêvant ou pensant, il se débattait à la fois contre sa passion et contre Dieu.

Non loin de lui, entre la sacristie et le calvaire, dans l’un des bas côtés de la chapelle de la Vierge, un homme se tenait debout, dirigeant ses regards curieux vers la nef principale. Il y a longtemps que nous n’avons rencontré M. Lecoq, le commis-voyageur en coffres-forts, qui avait fait un si beau cadeau à notre J.-B. Schwartz ; nous l’eussions néanmoins reconnu tout de suite à sa figure ouverte et crânement effrontée. Son costume de voyage était remplacé par une très élégante toilette de ville aux couleurs un peu hasardées. Il était là en curieux, évidemment, et il semblait guetter l’arrivée de quelqu’un.

De l’endroit où il était, il pouvait voir le milieu de la nef et surtout les abords de la sacristie, où les assistants commençaient à former une double haie au-devant de la porte.

La porte de la sacristie s’ouvrit à deux battants : une sorte de procession passa, puis la foule s’agita tout à coup immodérément ; un couple suivait les prêtres : des mariés, l’épousée en robe blanche, coiffée de la couronne de fleurs d’oranger, le fiancé en habit noir. Malgré la présence imposante du suisse, on monta sur