notte (elle montrait les derrières de son clos), car ils demandent les papiers de tout le monde.
— Ils m’ont demandé mes papiers, Madeleine.
— Ah ! Dieu de bonté, s’ils vous avaient arrêté dans ma maison !
— Il faut que vous sachiez cela, Madeleine, pour ne plus m’appeler M. Maynotte. J’ai pris un autre nom…
— Ah !… fit pour la troisième fois la nourrice. Elle aussi ! Elle aussi ! »
Elle détourna les yeux.
« Vous êtes bien changé, reprit-elle.
— Oui, prononça tout bas André, bien changé ! Mon petit ne m’a pas reconnu. »
Sa paupière était mouillée. Le bon cœur de Madeleine se serra.
« Est-elle venue ? demanda André après un silence.
— Oui, répondit la bonne femme, elle est venue trois fois.
— Rien que trois fois ! murmura André.
— Paris est loin et l’affaire n’est pas oubliée dans le pays.
— N’a-t-elle jamais montré l’envie d’emmener l’enfant ?
— Jamais. Elle sait que l’enfant est bien chez nous.
— Bonne Madeleine, que Dieu vous récompense ! »
André sembla hésiter, puis il demanda d’une voix altérée :
« Vous a-t-elle parlé de moi ?
— Jamais, » répondit encore la nourrice.
André chancela et fut obligé de s’asseoir sur le sac aux pommes de terre. La nourrice eut pitié.
« Mais, ajouta-t-elle, son vêtement parle pour elle. Elle est en grand noir.
— Merci, balbutia André. Je suis bien las, mais il