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on s’y cache mieux que partout ailleurs. Je t’aurais retrouvée, nous serions réunis.

Qu’est devenue ma lettre ? Ce Schwartz est-il un galant homme ? Ne t’a-t-il point trouvée ? Car jamais, oh ! jamais, dans mes heures de désespoir et de folie, je ne vais jusqu’à te soupçonner, ma femme !

J’ai foi en toi, c’est mon dernier refuge.

L’idée que tu as reçu mes lettres et que tu aurais négligé de me répondre ne me vient même pas. Elle me tuerait, si elle venait.

Voilà deux jours que je garde la chambre. Je n’ai pas de maladie déclarée, mais je suis très malade. La peur me prend de mourir sans te revoir.

Mon patron a de grandes bontés pour moi. Si je voulais, il me prêterait bien l’argent qu’il faut pour aller en France.

14 juin 1826. — Rien de toi, Julie. J’ai été bien près de la mort. Je m’éveille après un sommeil qui a duré des mois. Que. ne suis-je mort dans cette fièvre où j’oubliais ! Ah ! Je t’ai revue et je t’ai eue encore entre mes bras.

Rien de France ! Rien ! rien ! Me voilà si faible que je ne peux même plus songer à entreprendre un voyage.

J’ai peine à me convaincre : c’était il y a un an ; nous sommes à l’anniversaire de notre malheur. Un an ! Que fais-tu ? Qu’es-tu devenue ?

Parfois, je te vois morte. Que Dieu me donne donc la force de partir !

3 juillet. — Julie, la maladie m’a repris. Ces trois ou quatre mots que je viens d’écrire ont épuisé ma force. Viens, oh ! viens. Je t’aime.

8 septembre. — Rien de toi ! Je suis debout. J’ai pu marcher hier jusqu’au rivage. Mon regard cherchait la