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tant de ces Schwartz ! Et ce ne peut être le même, car celui-ci affirme qu’il n’a jamais été à Caen et il est riche.

Je ne sais pourquoi je pense à ce voyageur au maigre paquet. Il était venu la veille chez notre voisin, le commissaire de police. Si petits qu’ils soient, tous les événements de cette journée me paraissent énormes. Je les ai mis tous ensemble dans ma mémoire ; je les y garde en tas, mais je les rangerai ; une heure viendra où je me pencherai sur une piste pour la suivre ardemment et jusqu’au bout ; je sens cela, j’ai du sang corse plein les veines.

Et figure-toi que l’idée m’était venue une fois que ce pauvre voyageur de l’impériale, ce Schwartz, pouvait bien être l’Habit-Noir.

Toutes les idées du monde me sont venues tour à tour. Je cherche !

Mais voici une circonstance qui m’a réconcilié avec ce brave M. Schwartz ; s’il veut de l’argent, c’est pour épouser une femme qu’il aime.

Il a fait la connaissance du patron et je les entends causer. Il aime, il veut tout l’or de la terre pour la reine de son cœur !

Je ne lui ai encore rien demandé ; mais je compte sur lui, car je le prendrai par son amour. Il part demain matin, je lui parlerai ce soir.

Je préférerais de beaucoup t’envoyer tout mon cœur sans que le messager sût ton nom. Il ignorera en tous cas le lien qui nous unit, et j’ai encore jusqu’à ce soir pour résoudre mon problème. Tu trouverais cela en te jouant, toi, Julie.

En attendant, adieu. Je joins ici mon adresse. Je t’embrasse mille et mille fois. Viens, si tu veux, avec le petit : j’ai des bras, vous ne manquerez de rien.