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« L’homme avait un pantalon de toile brune, une blouse grise et un bonnet de coton blanc.

« Or, sur les grèves de la Divette, samedi matin, un cadavre a été trouvé, la figure mangée, il est vrai, et le corps terriblement mutilé (les marsouins sont en troupes le long de la côte, cette année), mais revêtu de lambeaux qui avaient été un pantalon brun, une blouse | grise et un bonnet de coton blanc.

« Tout porte à croire que Maynotte (André), le hardi malfaiteur, avait détaché quelque barque aux environs et qu’il a trouvé la mort en essayant de passer en Angleterre. »

Julie, ceci peut être un bien, car on ne poursuit pas les morts.

Mais qu’as-tu pensé, toi, ma femme chérie ? Oh ! si tu as vu cela, que de larmes ! car tu m’aimes, j’en suis sûr ! C’est mon dernier bien que cette certitude. Je me souviens de tes adieux.

Depuis dimanche, je ne vis pas. Il faut que je te parle, il faut que tu m’entendes. Béni soit Dieu qui m’a envoyé enfin un homme en qui je puis avoir confiance !

Il a nom Schwartz et ce nom d’abord m’a fait peur, — mais plaisir aussi, car il me rappelait notre chère maison de la place des Acacias. La première fois qu’il entra chez mon patron (je suis ouvrier chez un arquebusier), ce fut pour acheter une paire de pistolets. Un débiteur qu’il vient poursuivre jusqu’ici avait annoncé de mauvaises intentions contre sa personne. Tout cela ne me plut pas. Ces grandes peines que l’on se donne pour un peu d’argent m’étonnent toujours.

Te souviens-tu ? Il y avait aussi un Schwartz sur l’impériale de la diligence, le soir de ton départ. Un pauvre voyageur avec un tout maigre paquet ? Mais on trouve