Page:Féval - Les Habits noirs, 1863, Tome I.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pu s’entendre à travers la muraille qui séparait leurs cachots. Chacun avait son rôle. L’assassin Lambert s’était chargé de percer le mur en pierre de taille et de fournir la corde ; le voleur Maynotte avait scié les barreaux de sa fenêtre donnant sur le préau no 2.

« On s’étonne que de tels faits aient pu se produire sous la surveillance des gardiens. Une enquête administrative est ouverte, et justice sera sévèrement rendue. Le nommé Louis, employé à la geôle et gardien d’André Maynotte, a été mis sous clef, le lendemain de l’évasion.

« Selon toute apparence, André Maynotte, plus jeune et plus dispos, tenta le premier la descente. Il parvint sans encombre jusqu’au sol du préau et put franchir les deux enceintes ; Lambert, beaucoup plus lourd, se suspendit le second à la corde, déjà fatiguée ; le poids de son corps la rompit au ras de la fenêtre, et le malheureux fut précipité d’une hauteur sans doute énorme, car on trouva le lendemain son corps littéralement écrasé.

« Quant à Maynotte, toutes les recherches de la police ont été vaines pendant plusieurs jours ; le succès de son évasion semblait être un fait accompli, lorsqu’une dépêche du maire de Dives, arrivée à Caen samedi soir, est venue prouver une fois de plus l’action directe de la Providence.

« On avait des raisons de croire que Maynotte avait pris la route de la mer pour tenter le passage en Angleterre. Des détachements de gendarmerie avaient été dirigés sans résultat aux embouchures de l’Orne et de la Dive, et, chaque jour, les abords de la côte étaient fouillés avec un soin minutieux. On apprit ainsi qu’un homme à cheval était parti de Caen, le matin de l’évasion, et que le bidet avait été remisé chez Guillaume Menu, métayer au bourg de Dives.