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parlé. En mettant mon oreille contre les carreaux, puis contre le mur, il me sembla que le travail se faisait à la droite de mon lit et à l’étage même où j’étais.

À midi, j’avais eu mon second repas, à sept heures du soir j’eus le troisième. Je pensais qu’on me ferait prendre l’air sur quelque terrasse. Il n’en fut rien.

Le lendemain, ce fut de même, et aussi le surlendemain.

Sauf les visites chantantes de Louis et mes interrogatoires, je suis avec toi toujours. Il y a, cependant, une autre chose qui m’occupe : ce bruit de travail souterrain. Je l’entends plusieurs fois dans la journée et la nuit, toujours à la même heure, après le passage de la troisième ronde…

3 juillet. — Mon sommeil a été lourd et plein de rêves. Est-ce que tu souffres davantage, Julie ? Moi il me semble que j’étais plus fort les premiers jours. Il y a des instants où la marche de cette instruction me jette dans des colères véritablement folles. Puis je retombe à plat. Je n’ai plus ni vigueur ni ressort. En d’autres moments, j’attends avec une impatience d’enfant l’heure où je dois être mandé au greffe ; je souhaite la présence de M. Roland ; j’ai besoin d’entendre la voix d’un homme.

Les visites de Louis sont mes parties de plaisir.

J’ai sollicité quelques minutes de promenade dans le préau et M. Roland n’a opposé à mon désir aucune résistance. Seulement, on fait retirer tout le monde du préau quand j’y descends, et ce préau est plus triste que ma cellule elle-même.

Louis a laissé tomber ce matin quelques mots d’où j’ai conclu que, pour de l’argent, il se chargerait volontiers d’une lettre. Je n’ai pu cacher qu’une vingtaine de napoléons. Pour causer avec toi, Julie, comme