Mais j’omets le début : je donnai mon vrai nom d’Andréa Maynotti, mon âge et le lieu de ma naissance. Quant à ce qui te regarde, je déguisai complètement la vérité, parce que le nom corse que tu portes à Paris eût découvert ta trace. Je dis, prenant pour toi le nom de la pauvre douce fille qui est morte à notre service en Provence :
« Ma femme est Julie Thièbe, des îles d’Hyères. »
Voici l’interrogatoire :
« Où avez-vous été mariés ?
— À Sassari de Sardaigne.
— Pouvez-vous fournir votre acte de mariage ?
— Ma femme a en sa possession tous nos papiers.
— Où est votre femme ?
— Sur la route de Londres.
— Pourquoi a-t-elle pris la fuite ?
— Parce que je l’ai voulu.
— Pourquoi l’avez-vous voulu ?
— Parce que j’avais vu, à la cour d’assises, une fois, la femme Orange assise auprès de son mari. »
M. Roland fronça le sourcil à cette réponse. Le greffier écrivait. L’interrogatoire continua.
« Aux environs de minuit, vous étiez sur un banc de la place des Acacias, avec votre femme ?
— Cela est vrai.
— Vous comptiez de l’argent et vous parliez de la caisse Bancelle ?
— Je comptais des billets de banque et je rapportais une conversation qui avait eu lieu entre M. Bancelle et moi.
— Vous vous exprimez nettement, vous avez reçu de l’éducation ?
— J’ai souvent désiré m’instruire.
— Où est l’argent que vous comptiez ?