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âme ? Je te connais, je sais que tu m’es dévouée, cela me suffit. Moi, je t’écrirai à ton nom de Giovanna-Maria Reni, poste restante, afin que tu aies des nouvelles de notre enfant. Ces choses sont réglées et décidées. Maintenant, j’attends que tu me dises, comme une bonne femme que tu es ; mon mari, je suis prête.

— Mon mari, je suis prête, » balbutia Julie parmi ses larmes.

Puis, se pendant à son cou, et du fond de l’âme assurément, elle ajouta :

« Oh ! tu es grand ! tu es bon ! Je t’aime ! »

Un instant, ils restèrent embrassés.

« J’ai une faim d’enfer ! » dit joyeusement André.

Julie ne bougea pas et devint plus triste.

Il reprit, les deux mains sur ses épaules et les yeux dans ses yeux :

« Nous revenons aux débuts de cet entretien, ma femme, à cette fête solitaire, au milieu de la forêt, qui célébra nos fiançailles. C’est encore le danger autour de nous et nous sommes encore tout seuls, sous le regard de la Providence. À présent comme alors, notre pauvre avenir est couvert d’un nuage que Dieu seul peut dissiper. Ce que je te disais dans nos grands bois de myrtes, je vais te le répéter. Regarde. — Il s’agenouilla. — À présent comme alors, je suis à tes pieds, Julie, mon espérance, mon bonheur bien aimé. Exauçant ma prière, tu me donnas un jour, oh ! un beau jour joyeux, amoureux, insouciant et valant toute une longue vie. Le temps nous presse et voici le soleil qui nous avertit. Je ne te demande pas tout un jour, je ne te demande qu’une heure de contentement et d’amour afin que mon trésor doublé se compose de deux adorés souvenirs.