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que j’avais aperçus, et l’un d’eux lui tenait le genou sur la gorge.

Mlle Irène elle-même était évanouie au pied de son lit, à la place où je l’avais vue d’avance.

On avait dû lui faire respirer la drogue dont je t’ai fait mention, juste à l’heure du rendez-vous, et les deux hommes, introduits quand elle avait déjà perdu connaissance, s’étaient sans doute jetés sur M. Reynier, qu’ils avaient pris en traîtres au moment où il poussait la porte pour entrer.

Je dis ça maintenant par suite de mes réflexions et calculs ; mais dans l’instant, je ne voyais pas plus loin que le bout de mon nez et quoique j’avais l’idée que tout ça n’était pas naturel, je fus pris comme les autres en voyant un couteau-poignard par terre, à côté du jeune peintre qui écumait de colère.

Mlle Irène avait des marques autour du cou comme si on avait voulu l’étrangler.

Je répète que c’était arrangé d’avance, car M. Reynier n’avait pas eu seulement le temps de lui tirer les oreilles entre le moment où j’avais entendu son pas dans l’escalier et celui où nous entrâmes.

La chambre est grande, et pourtant elle fut pleine en un clin-d’œil.

Un des hommes, celui qui avait le genou sur l’estomac de M. Reynier, dit en manière d’explication :

— C’est une providence. Nous montions pour voir M. et Mme Martin (c’était les gens qui demeuraient