Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il se retira peu de minutes avant l’arrivée de M. Reynier, qui revenait, comme il l’avait promis, apporter les papiers.

On dit que les médecins ont inventé l’année dernière une drogue qui évanouit les gens comme une syncope et sans leur faire du mal. J’ai été apprenti pharmacien, mais de mon temps l’éther ne servait qu’à calmer les attaques de nerfs.

Je peux te dire qu’en sortant de chez Mlle Irène, le patron sentait l’éther.

Il me fit entrer chez lui ; mais j’avais cru voir deux hommes, deux inconnus, dans la chambre de Mlle Irène, par sa porte, qui restait entrebâillée, au moment où le patron sortait.

Et il m’avait, semblé que la petite demoiselle était renversée auprès de son lit, toute pâle.

La peur commença à me prendre.

Je ne savais pas du tout de quoi il retournait, mais j’avais l’estomac serré. Je n’osais pas interroger.

À peine étions-nous chez le patron, que le pas de M. Reynier sonna sur le carré.

J’examinais M. Mora, qui se mit à écouter. On n’entendait absolument rien. Je dis : Rien de rien.

Et cependant le patron s’écria tout à coup :

— Je vas chercher la garde ! le malheureux assassine Mlle Irène !