Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fauteuil du patron, quand la pendule en sonnant, me dit que l’heure était écoulée.

Je me levai et je mis une dernière fois mon œil au télescope.

La scène avait changé. Plus d’artilleurs, ni de cigarettes, ni de petits verres.

La donzelle était assise dans son salon, juste en face de la croisée, et bien en vue. Elle avait une pose de grande dame.

À ses pieds un jeune homme était agenouillé, un beau jeune homme, que je me dis tout de suite : cet innocent-là ne m’est pas inconnu.

La coquine se laissait filer le parfait amour comme dans les bronzes de pendule. J’avais presque oublié le motif pourquoi je faisais faction au bout de la lorgnette, car c’est amusant d’espionner comme ça de si loin, et on dit qu’ils ont des lunettes en Angleterre avec quoi ils surprennent la vie privée des gens de la lune. N’importe.

Mais tout à coup le souvenir me revint, parce qu’en regardant mieux, j’avais reconnu mon M. Reynier dans l’innocent.

Ça me fit quelque chose. Je ne m’attendais pas à cela.

Alors, le patron ne m’avait donc pas trompé sur ce que c’était un mauvais sujet, capable de faire le malheur de la jeune Irène qui brodait toujours ici