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France, qui avaient l’invariable coutume de commencer leur excursion par les provinces de l’Est.

Tous ou presque tous, les jeunes fantassins du travail se dirigeaient d’abord vers l’Orient, selon la règle maçonnique.

Ils s’en allaient de la grande ville, le bâton symbolique à la main, le sac sur le dos, les uns seuls, et c’étaient les heureux, car ils ne regrettaient rien, les autres accompagnés de la famille ou des amis qui leur faisaient la conduite, entremêlée de rires fanfarons et de larmes cachées.

Au bout du chemin des Amandiers, à gauche en revenant vers la route de la Roquette, où se font maintenant d’autres adieux, était une pauvre guinguette qu’on appelait le Revoir.

Bon augure, mais qui ne se réalisait pas toujours.

Au Revoir, on buvait un coup qui n’était pas celui de l’étrier, car ces pacifiques soldats n’avaient jamais sous eux que leurs jarrets solides ; puis on s’embrassait longuement :

— Au revoir, fils ; au revoir, frère, mère ! ô mère chérie, au revoir !

Et le jeune homme se dirigeait à grands pas vers le chemin des Partants, pendant que lentement, les autres revenaient à la ville.

Il y avait parfois une jeune fille qui continuait de pleurer, même après que les larmes de la mère étaient séchées.