Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/58

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le plus souvent tout bas, mais quand il était parti et qu’elle sortait chercher son déjeuner ou son dîner, elle avait les yeux gros de larmes.

Une fois, le cavalier Mora me dit :

— La pauvre enfant n’a plus son père, elle est sans protection. Ce misérable la rendra folle.

Je demandai de quel misérable il parlait, car je ne pouvais croire que ce fût de M. Reynier. Le patron me répondit :

— C’est gentil de ta part de défendre un garçon avec qui tu as eu des relations agréables et suivies, mais il a bien mal tourné depuis ce temps-là. Son père adoptif a fait son malheur en lui donnant des goûts de dépense, et depuis que M. Carpentier a disparu, l’eau ne vient plus au moulin. Alors, pour continuer son train, il s’est fait, Habit-Noir du coup, v’lan !

— Pas possible ! que je m’écriai : un jeune homme si doux !

Le patron secoua la tête et soupira gros, disant comme malgré lui :

— Ça me procure bien des embarras. Il voudrait entraîner Mlle Irène dans ses mauvaises fréquentations. La chère enfant résiste tant qu’elle peut, rapport à ce qu’elle est sage et qu’elle m’a donné son cœur. C’est tous les jours de nouvelles scènes, elle devient pâle que ça fait pitié. J’ai peur d’une maladie de poitrine.