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loin, c’est en acceptant la proposition de Similor, chargé par les autres de surveiller M. Mora, comme j’étais chargé, moi, par le même M. Mora, d’ouvrir l’œil à l’Épi-Scié. Ça nous épargnait réciproquement, à Similor et moi de nous fouler la rate, et fallait bien se procurer des ressources pour inaugurer les commencements de l’éducation de Saladin.

Nous arrivons à présent au cœur de l’histoire.

M. Mora, d’un côté, les Habits-Noirs de l’autre, s’occupaient pareillement de la jolie voisine d’en face, Mlle Irène.

Elle tient au trésor par un bout, quoiqu’elle ne sait probablement pas un traître mot de toutes ces manigances-là ; elle est la propre orpheline de M. Vincent Carpentier, maître maçon et architecte, qui avait établi et mastiqué à lui tout seul la fameuse cachette du colonel.

C’est Similor qui m’a dit le présent détail, et que le malheureux homme paya de sa vie la connaissance de ce grand mystère.

Ça paraît clair, pas vrai ? Il n’en coûte pas cher au vieux vampire pour faire disparaître un quelqu’un. Je connaissais de vue ce Vincent Carpentier qui venait de temps en temps à l’atelier de M. Reynier, où nous posions, moi et Amédée. Je peux témoigner qu’un beau jour il s’est évanoui comme une ombre, ni vu ni connu, supprimé de la surface ter-